Entretien avec Lydie Bossuet

par
Lydie Bossuet

Fashandy est parti à la rencontre de Lydie Bossuet, Directrice artistique au sein du studio Lydie Bossuet Créations. Contrairement à une agence artistique, Lydie travaille seule et c’est cette singularité que ses clients viennent chercher. Depuis toujours passionnée par l’univers des cosmétiques, c’est suite à son passage chez Louis Vuitton, qu’elle a fait du luxe sa spécialité. De nature perfectionniste, qu’elle qualifie à la fois comme un défaut et une qualité, elle a trouvé une correspondance qui fait qu’elle s’épanouit depuis plus de 10 ans dans ce métier.

Pour définir le luxe, j’emprunterais les mots de la consultante la plus adulée du Vogue Brésil, Costanza Pascolato : «  Le luxe c’est rare et cher. Mais de nos jours, c’est juste cher et plus du tout rare. »

Gift Lancôme

Peux-tu nous présenter ton parcours ?

J’ai fait mes études à l’école d’arts appliqués, Duperré Paris. C’est l’une des 4 plus grandes écoles d’art de France. J’ai d’abord suivi une année de classe préparatoire sur les arts appliqués de façon globale (architecture, design, illustration, communication visuelle). Au bout d’un an, je me suis orientée vers la communication visuelle puis j’ai bouclé ce cursus sur 3 ans.

Ensuite, j’ai eu l’opportunité de décrocher un entretien chez Louis Vuitton qui s’est super bien passé. Initialement, je devais remplacer une personne pendant 4 mois et finalement je suis restée 3 ans au studio graphique. Quelque part, j’y ai appris tout mon métier. Il y avait une très grande exigence de réalisation et en cela ce fut une super bonne école. Au sein du studio graphique, nous avions des activités très variées : préparer des dossiers de presse pour la sortie de nouveaux produits, imaginer des vitrines pour le lancement de nouvelles collections, créer des cartons d’invitations pour des évènements mondiaux…

Après je suis partie un an aux Antilles pour travailler dans une agence de pub. J’ai eu l’occasion d’en apprendre plus sur le métier : j’ai participé à des tournages de pub TV, élaboré des affiches 4 par 3, lancé de grandes campagnes publicitaires etc Sortir du luxe m’intéressait beaucoup moins mais cela fut extrêmement formateur car j’ai pu travailler sur des supports très différents de ceux de Louis Vuitton.

A mon retour en métropole, je me suis mise à mon compte. Concrètement, la majorité de mon book était composé de mon travail chez Louis Vuitton. J’avais donc une orientation et une connaissance du luxe qui était très claire. Rapidement, j’ai commencé à travailler avec Lancôme. Aujourd’hui, je travaille pour plusieurs marques du groupe l’Oréal Luxe mais également pour la maison Dior (qui appartient au groupe LVMH).

Quel est le métier de Lydie Bossuet Créations ?

C’est un studio de conception et de réalisation graphique. La particularité pour laquelle les clients viennent me chercher c’est que j’apporte un regard particulier que je pose sur les marques ou les produits. J’ai une patte graphique, un dessin. Par exemple on ne vient pas me voir en me disant : nous avons une vitrine à faire, quelle est ta proposition ?

On vient me voir en me disant : nous avons une vitrine à faire et nous aimerions savoir ce que tu en penses ? Comment tu imagines cette vitrine-là ?

Donc contrairement à une agence de création où il y a plusieurs créas’, là je ne peux pas déléguer mon travail. J’offre une approche personnelle sur les projets.

Par exemple, je peux travailler sur des vitrines, de la communication pour des évènements, une publicité qui ciblera une clientèle précise, des supports de ventes etc.

Brochure Lancome

Dans mon métier, il y a 4 points forts de l’année : Noël, la St Valentin, la Fête des Mères et la Rentrée de Septembre. Ce sont des axes où les performances d’achats sont les plus forts donc la communication visuelle doit contribuer à la vente. Pour de tels projets, je travaille souvent un an à l’avance.

Comment procèdes-tu pour travailler ?

Pour moi, tout commence par une discussion, un échange entre le créa’ et le client afin de mieux se connaître, de cerner quel est le besoin.

Cette phase de connaissance du projet va varier selon les marques. Pour celles avec qui je travaille depuis des années, ça va très vite, en une demi-heure nous pouvons être efficaces. Pour les marques qui viennent de se développer, cela peut prendre plusieurs mois. Mais même pendant cette période je vais commencer à travailler, continuer à échanger sur plusieurs entretiens, à y réfléchir en permanence, faire des croquis…

Mitsouko

Pour m’inspirer je vais quelques heures sur le net pour piocher des images. Par exemple pour un flacon de parfum, évidemment, je vais regarder ce que fait la concurrence mais ce n’est pas forcément cela qui va m’inspirer. Je vais plutôt sur Pinterest à la recherche d’images : d’un photographe, d’un bâtiment, d’une couleur… Je m’inspire beaucoup de mon environnement. J’observe les clientes en magasin pour voir comment elles achètent, ce qu’elles se disent, comment elles interagissent. Je lis beaucoup la presse féminine car cela donne le ton de ce qui se vend.

Puis je vais faire valider mon idée. Quand je montre à une personne mon travail, je lui explique toujours les raisons pour lesquelles j’ai fait ces choix-là. Parfois, ce n’est pas ce que la personne attendait mais je lui explique pourquoi c’est intéressant de développer son projet dans ce sens. Après validation, je suis dans la phase de création. A partir du moment où je commence, il y a environ 15 à 20H de travail pour sortir un premier jet.

Une chose particulière : j’ai fait le choix de refuser les appels d’offres parce que je considère que ce n’est pas une bonne façon de travailler ni pour le commissionnaire ni pour le soumissionnaire. En fait, quand tu fais un projet créa, il y a plein de choses qui rentrent en ligne de compte. Avec un appel d’offre, au final, le client n’a quasiment pas de chance d’avoir une réponse pertinente parce qu’aucune agence n’aura eu un temps imparti suffisant pour comprendre et traiter le besoin. De leurs côtés, les agences n’ont pas les moyens de s’investir pleinement car elles ont besoin de plus de temps, de plus d’informations et n’ont pas de sécurité que le travail fournit en amont sera payant.

Pour toi, quelles sont les particularités de la communication dans le luxe ?

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Pour moi la communication dans le luxe, c’est une exigence qui se niche dans les détails. Dans un projet, tout doit être en cohérence, rien ne peut être laissé de côté. La mise en forme doit être parfaite, mais également le choix des matériaux utilisés, leur toucher, leur lumière, les émotions qu’ils renvoient doivent être réfléchis. Dans le luxe, on travaille au millimètre. Tout est pensé. Il n’y a aucune place pour le hasard. Si hasard il y a, alors c’est un hasard qui a été planifié, décidé, codifié. C’est ce qui fait que j’aime autant ce travail, car il ne supporte aucun relâchement, aucun à peu près. Ça peut être difficile d’essayer d’atteindre cette exigence en permanence, mais c’est la richesse de mes journées. Je suis heureuse le soir de ce qui a été accompli car le maximum a été donné à chacun de mes projets.

Quelles sont tes perspectives de développement ?

Tout d’abord, j’aimerais faire évoluer mon site Internet. L’idée que j’en ai est de montrer que je ne suis pas une agence lambda. Ce que mes clients viennent chercher, c’est que je pose un regard très particulier sur les projets. Aussi, je réfléchis à comment développer mon image de marque avec une problématique de confidentialité quasi-totale sur les projets sur lesquels je travaille, même quand ils sont dévoilés au public.

Ensuite, cela m’intéresserait d’élargir ma clientèle mais tout en restant dans le luxe. C’est le domaine où je suis la plus pertinente. Particulièrement pour les cosmétiques et la mode où j’ai une connaissance de ce marché qui fait que mon travail devient facile et fluide. Cela m’intéresserait de pouvoir développer mon travail auprès de jeunes marques qui se créent car je trouve cela hyper intéressant de pouvoir les accompagner dans leurs créations.

On observe aujourd’hui que la transformation digitale touche aussi le luxe, est-ce que cela change quelque chose à ton métier ?

Je pense qu’il y a beaucoup d’opportunités à saisir. Il y a des ponts à faire entre le luxe et la technologie.

Par exemple, sur le domaine des objets connectés. Au bout d’un moment, la vente d’objets connectés va exploser car ils seront tournés sur une case Premium et haut de gamme. Ce sera un peu comme pour Apple, il va y avoir des précurseurs que les gens vont avoir envie de suivre. Pour moi, ce serait très intéressant de pouvoir apporter un regard complètement extérieur, absolument pas technique mais très esthétique et porté sur le marché. Ma connaissance du luxe pourrait permettre d’apporter un design sur des objets technologiques.

Pourquoi est-ce important de travailler en collaboration avec Fashandy ?

C’est important parce que nous partageons des valeurs communes qui nous rassemblent et que nous sommes extrêmement complémentaires. Je pense que notre force est là et que c’est toute la valeur ajoutée à notre collaboration. En fait, nous avons des métiers qui se rejoignent mais nos deux entités ne font pas le même métier : l’une est une agence de communication, l’autre un studio artistique. Fashandy c’est avant tout du relationnel, c’est créer des synergies entre les gens. Pour ma part, j’apporte un aspect esthétique aux projets.

Avec Fashandy, je vais pouvoir m’implanter sur des projets très variés, en dehors du marché de la cosmétique et pouvoir proposer un regard nouveau pour nos clients. Je pense que nous avons quelque chose d’intéressant à développer ensemble…

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