Dans le dernier film de Paolo Sorrentino « La Grande Belleza », Toni Servillo incarne un vieil écrivain qui ne doit sa gloire qu’à un livre écrit durant sa jeunesse. Son appartement a une magnifique vue sur le Colisée où il reçoit ses amis pour des soirées endiablées. Toujours tiré à quatre épingles, il enchaîne avec délice les costumes et les bons mots.
En le voyant évoluer à travers chaque plan, je me suis demandé pourquoi il arrivait à avoir une telle classe, tandis que dans les films français l’élégance ressemble à une espèce en voie de disparation. Les Belmondo et Delon ont été remplacés par les Dujardin et Cassel et la classe a chuté de plusieurs niveau. C’est l’histoire d’un mec qui tombe d’un immeuble et qui à chaque étage se répète « jusqu’ici tout va bien » car le plus important ce n’est pas la chute mais l’atterrissage.
La classe italienne est-elle innée ou travaillée ?
L’ITALIE OU L’AUTRE PAYS DE L’ÉLÉGANCE
Depuis Marcello Mastroianni (juste le plus grand acteur du monde), le mariage entre le cynisme et le raffinement a atteint un point de perfection absolue. Voilà peut-être en quoi les italiens surpassent les français. En effet, la squadra azzura du cinéma porte sur le monde et la société un regard distancié. « Le Bel Antonio » lorsqu’il a reçu un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière a déclaré que le métier d’acteur ressemblait à celui d’une pute. Durant un tournage, il raconte que toute l’équipe du film se met en quatre et elle lui demande sans arrêt « ça va, pas trop chaud, on va bientôt tourner ». Finalement, être acteur est un métier comme un autre. On vend son âme pour de l’argent.
LA CLASSE TRANSALPINE EN TOUTE OCCASION
La semaine dernière, je regardais un match de la Nazionale (l’équipe italienne de foot) et j’ai été saisi par l’élégance des joueurs malgré le maillot. Un Totti ou un Maldini avec leur crinière nous rappelle que l’élégance ne consiste pas à porter des costumes extravagants mais plutôt à une attitude. Ainsi, le latéral du Milan AC a toujours eu l’instinct d’un combattant sur le terrain, se battant sur chaque ballon. Tandis qu’un Yohan Gourcuff (bourré de talent), qu’il a croisé à Milannello, choisit ses matchs et peine à confirmer tout le bien qu’on pense de lui. Sur le tapis vert, une certaine indolence l’habite. Seul un Zidane avec son magnifique coup de boule en finale de la Coupe du monde a su incarner les codes de l’élégance italienne.
« Il y a deux manières de combattre, l’une avec les lois, l’autre avec la force.
La première est propre aux hommes, l’autre nous est commune avec les bêtes »
Machiavel
L’ART DE LA MONDANITÉ
Lors d’un diner dans « Grande Bellezza », une des convives critique vertement Toni Servino en lui expliquant qu’il n’a rien écrit depuis des années et que sa vie ressemble au Titanic en train de couler. Il lui répond, tranquillement, que tous les convives ont une vie de merde qu’ils cachent derrière des apparences (comme lui). Et que ses repas ont comme seul objectif de se serrer les coudes afin d’oublier pendant quelques heures que l’existence n’est pas aussi belle que prévue.
Finalement, la mondanité s’apparente à un exercice d’entraide : SE DIVERTIR AVANT DE MOURIR.