Le phénomène Snapchat – pas si incompréhensible que ça

Si tout le monde connaît le nom de « Snapchat » (non ?), la question de l’intérêt du truc se pose encore pour beaucoup.
Alors, qu’est-ce qui fait de Snapchat, un outil incontournable ?

Le phénomène Snapchat, n’est pas si incompréhensible que ça. Plutôt logique même, et ancré dans notre époque, ce qui explique son succès phénoménal auprès des 15-24 ans :

Snapchat aux USA, source : Snapchat

Première caractéristique clé : l’éphémérité

Est-ce que vous enregistrez toutes vos conversations avec un dictaphone ?! Alors on peut se demander pourquoi on conserve par défaut TOUS nos mails, nos textos… Sont-ils tous si précieux ?
Une des forces de Snapchat est d’avoir pris le contre-pied de cette habitude : si vous désirez conserver un contenu, il suffit de cliquez dessus ou de faire une capture d’écran. Mais c’est une option.

«  Un média éphémère comme Snapchat est en effet « anti-nostalgie », considérant le présent juste pour ce qu’il est, rien de plus. » mémoire d’Antoine Jourdan »Quelles spécificités pour l’image éphémère, le cas Snapchat »

Avec Snapchat se développe une nouvelle forme de conversation, qui mêle les mots, les images prises sur le moment : tout en spontanéité. Celle qu’on a complètement perdue sur les autres réseaux et notamment sur Facebook (qui a donné lieu à beaucoup de débats sur les limites de la « vie privée »). Snapchat, en promettant de ne pas conserver les contenus publiés sur la plateforme, permet à ses utilisateurs de moins penser aux potentielles conséquences négatives de leurs posts (rappelez vous toutes ces histoires de jobs perdus pour posts Facebook maladroits), et plus spontanés, donc plus à l’aise.

Par contre, quelqu’un qui a un but lucratif et qui vous rend service gratuitement, c’est un peu louche. Donc si Snapchat promet l’éphémérité, beaucoup remettent ça en doute.

Pour résumer :

• L’éphémère n’est pas effrayant
• Au contraire, il est libérateur
• En fait, si les quantités de data échangées chaque jours continuent d’augmenter, c’est vouloir tout conserver qui paraitra illogique dans quelques années…
• Et il serait bien d’enfin en finir avec cette idée qu’Internet est « immatériel » et de réaliser que les effets sur l’environnement sont réels et pas très cools (visitez ce site pour en savoir plus sur l’impact d’internet sur l’environnement)

Privé VS public

Sur les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram et Twitter, tout est mise en scène. Lorsqu’on prépare un post, c’est comme se préparer à prendre la parole devant un public… Et en regardant les publications des autres, on réalise à quel point c’est facile d’être ridicule (on a tous dans nos contacts des personnes qui ont une manière décalée d’utiliser Facebook, qui y racontent toute leur vie sans réfléchir, et c’est plutôt gênant). Bref, si publier sur ces réseaux sociaux peut être informatif, ludique, créatif, ce n’est peut-être pas la plus épanouissante et relaxante des interactions sociales.

Ce qui est agréable lorsqu’on parle avec ses proches, n’est-ce pas parce qu’on peut (enfin) lâcher prise? Ne plus faire attention à l’image qu’on renvoie parce qu’on sait que l’on s’adresse à quelqu’un qui nous connaît bien ?
C’est ce que Snapchat invite à reproduire. Alors pas de course aux « likes » et aux commentaires élaborés, les échanges se font toujours en privé, entre vous et une seule autre personne. Si je répond à ce que tu postes, c’est bien parce que j’ai envie de te parler à toi, et pas pour me faire voir par d’autres. Ce retour à des échanges « intimes » et directs est aussi favorisé par le fait que sur Snapchat, vous ne pouvez pas facilement ajouter n’importe qui.

Pour avoir un ami snapchat, vous devez : avoir son numéro de téléphone, c’est donc un contact IRL / le chercher avec son nom d’utilisateur ou en scannant son « QR snapcode », cette option permet de retrouver des personnalités qui diffusent leur code par exemple sur d’autres réseaux sociaux…
Au revoir stalkers…

A lire aussi : 5 unexpected psychological ways snapchat improves your life

• Pour résumer :

  Snapchat n’est pas là pour agrandir votre réseau social, vous faire rencontrer des gens, mais avant tout pour vous permettre d’avoir des échanges décomplexés avec vos proches. Et puis de plonger dans le quotidien de vos idoles aussi.

Une interface imbuvable 

Beaucoup d’autres articles sur Snapchat présentent des tutos. Parce que c’est un peu désespérant au premier abord cette interface. Si vraiment ce n’est que la technique qui vous intéresse, ou si vous n’avez aucun ami jeune ou petite cousine sous la main (coucou Cécé ma mentor) il y a plus simple : l’aide sur le site web de Snapchat. Mais oui, une interface aussi peu intuitive on ne peut que penser que c’est fait exprès.

A lire, parce que c’est drôle et effrayant : ma petite soeur m’a appris à utiliser Snapchat « comme les ados »

1 à 10 secondes – vers toujours plus d’info flash ?

Comme les fameux 140 caractères de Twitter, auxquels tiennent les twittos, les 10 secondes de Snapchat sont une marque de fabrique. La tendance sur le web est de faire vidéos courtes (c’est aussi le modèle de Vine et ses vidéos de 6 secondes), qui retiennent l’attention, et qui vont directement à l’essentiel. Sur Snapchat, c’est imposé. Si le réseau se vente d’exploser les scores de vidéos visionnées par jour, il faut préciser que vu leurs durées, elles n’ont pas un contenu informatif de ouf.

A lire aussi : « Est-ce que c’est vraiment la taille qui compte ?  » article sur l’ADN écrit par Huw Devine de MNSTR

Pensé pour le mobile, le format vertical 

Snapchat met en avant l’avantage de son format, vertical, adapté à la prise de vue, et au visionnage sur smartphone.

L’arrivée du marketing sur la plateforme

Si Snapchat adapte son discours au marketeurs, il est encore peu utilisé par les marques en France, qui manquent encore de données pertinentes, ce qui rend difficile l’analyse des résultats d’une campagne publicitaire lancée sur le réseau. Pour le moment on peut simplement savoir qui a vu la publication, et qui a fait une capture d’écran. Ces données ne sont visibles que par le gérant du compte, et disponibles que 24h… Alors, même si la plateforme évolue sur cet aspect, avant de vous lancer dans une campagne Snapchat, prenez-bien ça en compte !

Certaines équipes marketing, comme celles de Birchbox, se sont appropriées l’outil Snapchat autrement. Ils demandent par exemple explicitement à leurs fans de leur signaler leurs articles favoris en faisant des captures d’écran. Cela leur permet des mini-études de marché en temps réel. Comme ils manquent de données sur les personnes qui les suivent sur Snapchat, ils recoupent les informations, par exemple avec l’exemple du snap ci-dessus (les produits sont sélectionnés selon les profils des utilisateurs, donc tous n’ont pas reçu cet article).

Du contenu brut, sans tricherie

Pour publier sur Snapchat, il faut ouvrir l’application, et filmer/prendre des photos depuis celle-ci. Impossible de partager du contenu préparé, photoshopé, délesté de ses imperfections. Le succès de l’application s’expliquerait-il également pour cette raison ? Dans d’autres secteurs, la tendance est également au « retour à l’authentique » (pour n’en citer que quelques exemples : make-up nude, looks normcore, légumes moches mais bons…). Snapchat, imposant de publier sans tricher, s’inscrit dans cette attente des « consommateurs ».

Un modèle économique qui se cherche encore

Snapchat a tenté la commercialisation de certaines fonctionnalités, comme celle de l’ajout d’effet sur les visages, très populaires. Ce service gratuit a été pendant une période payant… Mais ce n’est plus d’actualité.

Début 2015 Snapchat lance la fonction « Discover », qui propose aux utilisateurs de l’appli d’accéder à du contenu, actuellement créé principalement par des médias, et clairement distingué de celui créé par ses « amis ». Puis, pour la sortie du dernier James Bond, du contenu sponsorisé est diffusé sur Snapchat, difficile de trouver des chiffres sur le prix de l’opération et ses résultats.

Viacom, géant américain des médias, met en place un partenariat avec Snapchat. Il s’agira pour eux de gérer l’intégration de publicité dans les « Live Stories ».

Si le business model de Snapchat n’est pas encore très clair, les influenceurs eux, ont surement trouvé des moyens de se faire rémunérer.
Yann Rodic, connu pour ses photographies de street-style en tant que Facehunter, a créé la première agence spécialisée dans la création de contenu sur Snapchat pour les marques : A Little Nation. Un marché est en formation !

Snapchat bouleverse déjà la communication des grandes marques

Pour attirer plus de followers sur leurs comptes, les grandes marques font appel à des influenceurs, qui relayent les « adresses » des marques sur leurs propres comptes, leurs donnant une visibilité auprès d’un public ciblé.

Pour présenter sa collection hiver 2016, Gucci fait par exemple appel à Hari Nef, personnalité transgenre très populaire sur les réseaux sociaux, qui défile sur le podium IRL et associe l’image de la marque à la sienne sur ses profils online ! (pour en savoir plus sur l’innovation dans la mode, lisez Modelab).

L’émergence de la notion de « conversational commerce »

Facebook intègre à sa messagerie un système de payement, des start-up développent des systèmes de communication instantanée entre clients et marques… Aujourd’hui avec l’émergence de la notion de « conversational commerce », l’utilité de Snapchat pour les entreprises, notamment B2C, est évidente.

Des campagnes créatives

Lacma Museum

Parmi les marques qui se font remarquées par leur utilisation de Snapchat on peut citer :

• Le Lacma_museum qui cerne l’esprit du réseau et réalise des posts décalés, référencés et… drôles !
• 

  Lacoste

  Lacoste qui organise une chasse au crocodile dans sa story,#SPOTTHECROC, afin de remporter des bons de réduction.

• Les yahourts glacés « 16 Handles » (USA) qui impliquent leurs clients en leur demandant de se prendre en photo avec des produits pour avoir des bons de réductions,
• Taco Bell qui lui aussi propose des bons de réductions et surprend ses clients en leur envoyant des messages personnalisés

• Sprite au Brésil avec la campagne « RFRSH Na Lata », qui intègre Snapchat à une campagne de com globale.

  Des initiatives plus engagées comme celles de :

• Amnesty International « Report without fear »

• « Nature Snap facts »

• 
  « Don’t let this be my last selfie »

Ces campagnes, jouant avec les codes du réseaux, ont aussi eu des répercutions en dehors, à travers de nombreuses publications dans la presse et sur le web. Leur côté novateur intéresse des personnes non utilisatrices de snapchat, montre que la marque est à la pointe.

Pourquoi vous aimerez-vous aussi Snapchat :

 Snapchat a ce goût de « reviens-y », et reviens vite avant que l’info disparaisse ! Le réseaux est synonyme de lien social décomplexé, divertissement, instantanéité, et échanges privés, un mélange magique qui séduit les utilisateurs.

Pour me suivre sur Snapchat : colinecancane