En tant qu’agence de communication, on est parfois amené à travailler avec des freelances. Et en tant que rédactrice freelance, ma deuxième casquette, j’ai constaté à mes dépens qu’il n’est pas toujours facile de fixer des prix cohérents. Comment faire ?
Evaluez vos charges de fonctionnement
Graphiste, rédacteur, traducteur, etc. : si vous venez de vous mettre à votre compte, vous avez probablement opté dans un premier temps pour le statut d’auto-entrepreneur, ce statut magique qui vous permet de ne payer des charges que si vous faites du chiffre d’affaires. Je ne vais pas cracher sur le statut d’auto-entrepreneur, je suis bien contente moi-même de pouvoir l’utiliser : mais j’ai remarqué que beaucoup d’auto-entrepreneurs faisaient l’erreur de considérer qu’ils n’avaient aucune charge fixe. Faux !
Vos charges de fonctionnement n’incluent pas seulement les cotisations que vous payez à l’URSSAF et au RSI quand vous faites du chiffre d’affaires. Votre ordinateur, par exemple, il n’est pas gratuit, non ? Vous payez votre connexion internet ? Et le lieu dans lequel vous travaillez, même si c’est votre appartement, vous coûte probablement un loyer ou un remboursement de prêt tous les mois.
Toutes ces charges doivent être prises en compte lorsque vous évaluez vos coûts de fonctionnement, ainsi que le prix des logiciels sur lesquels vous travaillez, votre abonnement de téléphone, etc. Tout ce qui vous sert à travailler rentre dans le calcul des charges !
Fixez votre tarif horaire / journalier
Une fois vos charges de fonctionnement évaluées, vous pouvez calculer à combien vous revient un jour de travail, hors temps de travail. Il est maintenant temps d’y ajouter votre tarif horaire ou journalier.
La tentation serait grande de fixer un prix à la louche. N’y cédez pas : vous risquez de tomber complètement à côté de la plaque et de faire de la concurrence déloyale à vos petits collègues sans réussir à être rentable. On ne réfléchit pas de la même manière selon qu’on est salarié ou à son compte : pour un salarié, par exemple, une paye de 20€ de l’heure est plutôt honorable. En freelance, c’est un tarif ridicule !
Réfléchissez de la façon suivante : combien de temps par semaine consacrez-vous à la production ? Une partie de votre temps est forcément dédiée à des tâches administratives, de gestion, de comptabilité. Et une autre partie de votre temps de travail est normalement consacrée à la prospection commerciale. Autant de tâches que personne ne vous rémunèrera. C’est pourquoi vos tarifs doivent être évalués en fonction : dans une semaine de travail, vous ne consacrez pas plus de quatre jours à produire, si vous êtes extrêmement efficace en compta et en commercial !
Pensez à l’avenir…
Petit conseil : ne fixez pas vos tarifs en pensant que vous allez rester auto-entrepreneur toute votre vie. Qui sait, peut-être votre petite affaire va-t-elle rouler encore mieux que vous ne l’espérez, et vous devrez donc changer de statut rapidement… Et là, si vous n’avez pas planifié ce changement à l’avance, préparez-vous à une petite surprise : alors qu’en auto-entrepreneur, vous ne cotisez que si vous facturez, en entrepreneur individuel, attendez-vous à débourser autour de 2000 € par an, que vous fassiez ou non du chiffre d’affaires.
Si vous n’aviez pas anticipé le changement de statut, vous allez donc devoir augmenter vos tarifs pour conserver vos marges. Et vous courez donc le risque de perdre des clients : la meilleure solution est donc de fixer dès le départ vos prix comme si vous aviez un statut de société.
Défendez vos prix bec et ongles
Apprenez à défendre vos tarifs : si vous faites du travail de bonne qualité, personne ne vous les reprochera. Mais vous devez vous-même être convaincu de la qualité de vos prestations si vous voulez bien les vendre. Et ne facturez pas à la tête du client : vos tarifs doivent refléter la véritable valeur de votre travail.
On m’a un jour fait une réflexion qui m’a bien fait cogiter sur mes prix : un développeur me demandait combien je facturais à la journée pour de la rédaction de contenu, je lui donne mon tarif et il me répond « J’aime bien ce que tu fais, j’aurais bien voulu travailler avec toi, mais je ne le ferai jamais, tu n’es vraiment pas assez chère. » Un peu interloquée, je lui demande ce qu’il entend par là, et il me répond : « Je cherche des gens avec qui travailler sur la durée. Avec des tarifs pareils, tu ne tiendras pas six mois, et je n’aime pas changer de prestataires comme de chemise. Donc je ne travaillerai pas avec toi. »
Et maintenant que je suis aussi salariée en agence, de l’autre côté de la barrière donc, je comprends mieux ce qu’il avait voulu me dire (ou du moins, je l’ai interprété à ma façon) : une personne qui pratique des tarifs trop bas est, d’une part, peu sûre d’elle. Cela ne donne pas nécessairement envie d’acheter son travail. Elle n’a, d’autre part, pas de vision sur le long terme, et pratique la concurrence déloyale sans même s’en rendre bien compte. Cela renvoie donc l’image, finalement, d’une personne peu mature et pas très fiable… Pas très positif !
Surtout, n’essayez pas de vous calquer sur des sites comme Textmaster (pour les rédacteurs) ou oDesk (pour tous les types de prestations) : vous ne POUVEZ PAS y être concurrentiel, ce genre de site web met principalement en relation des donneurs d’ordre plus soucieux du tarif que de la qualité du résultat et des prestataires sous-payés.
Et si vous n’arrivez pas à vendre vos prestations, avant de sabrer vos prix, réfléchissez un peu : êtes-vous sûr d’être bon commercial ? Savez-vous vous vendre ? Consacrez-vous suffisamment de temps à la prospection ? A méditer, en lisant cet article à propos du personal branding par exemple !